Émotion & vertige

Cet été, nous avons exploré une petite partie du Lot, non loin de Saint Cirq Lapopie, village ultra touristique et très beau nonobstant (ceci expliquant cela).

À l’avant-veille de partir, on se dit qu’on irait bien visiter une grotte préhistorique, Pech Merle, à quelques encablures de notre gîte, mais il faut réserver et ça n’est plus possible en ligne (plus de places le lendemain…). On tente donc notre chance le matin au téléphone, il y a bien 2 places mais il faut arriver fissa… Las, malgré notre bonne volonté, nous arrivons quelques minutes après l’heure de visite, et les places sont parties… Mais puisqu’on est là, le personnel à l’accueil est arrangeant et nous propose de prendre une place mais sur 2 visites suivantes : on va donc découvrir la grotte séparément et l’expérience de partager les impressions (et les commentaires différents des guides) a posteriori. La jauge par visite est très limitée, 25 personnes tous les quarts d’heure et pendant 45 min, ce afin de limiter au maximum le risque de dégradation de la grotte. Il y est également interdit de toucher quoi que ce soit (ce que certains ne respectent pas…), et de prendre des photos. Car une des particularités de cette grotte est qu’il ne s’agit pas d’une copie comme Lascaux ou Chauvet, on y retrouve donc les véritables œuvres picturales et traces diverses des hommes et femmes préhistoriques d’il y a 20 à 30000 ans.

Ci-dessous une vidéo promo un peu à l’ancienne, mais qui donne une (toute) petite idée…

Autant dire que l’émotion est forte de découvrir le décor des salles grandioses ou étroites, les différentes formes dues au travail de l’eau sur les roches calcaires pendant des millions d’années, mais surtout les différentes traces laissées pas l’occupation humaine : dessins divers avec plusieurs techniques sur les murs, traits gravés au plafond, empreintes de pieds (!), etc. On en ressort très touchés, quasi bouleversés, comme si on venait de découvrir une part enfouie de nous-mêmes dans des temps anciens, des ancêtres auxquels on essaie d’imaginer la vie d’alors…
La visite du musée attenant complète joliment celle quelques dizaines de mètres sous terre. On repart enchantés et on se promet d’aller en visiter d’autres…

Vue large sur un paysage très vert, on devine un village au milieu de l'image, des falaises au fond, sous un ciel bleu avec quelques mini nuages
Le village de Cabrerets, commune qui abrite la grotte, dans son écrin de verdure

Hasard total, je tombe dernièrement à la médiathèque sur une BD d’un auteur que j’affectionne, Étienne Davodeau, Le droit du sol, Journal d’un vertige qui parle de cette grotte représentant le point de départ d’une randonnée au long cours jusqu’à Bure.

Couverture de la BD, titre nom de l'auteur et dessin sur lequel on voit un randonneur dans la campagne
Le droit du sol, Étienne Davodeau

L’idée est de relier ces 2 mondes souterrains où l’être humain a laissé / risque de laisser des traces pour les générations futures. Outre le fait qu’on a ensuite une furieuse envie de marcher sur les sentiers et paysages joliment décrits et dessinés, l’auteur en profite — via un procédé malin — pour être accompagné de spécialistes de différents sujets liés à sa marche avec lesquels il échange et c’est évidemment passionnant. Et bien sûr effrayant concernant le projet Cigéo à Bure.

Pour en savoir plus sur Bure, une autre BD nommée Cent mille ans est également hautement recommandée.

1984, le retour

Couverture jaune, titre en toute lettre Mille neuf cent quatre-vingt-quatre, le nom de l'auteur en-dessous, et au-dessus la silhouette de 4 gratte-ciels en bleu.

On cite souvent Orwell et son livre 1984… J’ai voulu en lire une nouvelle édition & traduction, menée par Célia Izoard et sortie chez l’indispensable éditeur indépendant Agone. Je l’avais acheté il y a déjà un moment, mais quoi de plus logique que le lire à cette période où le langage est dévoyé, où la novlangue se déploie dans toutes les sphères de pouvoir avec une déconcertante facilité, ou les réalités alternatives sont affirmées par le pouvoir en place, où la surveillance de masse et la répression d’opposants se développent quasi sans garde-fous ?

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