Une rage de plus

Discours de Justine Triet à Cannes - capture d'écran France 2
Discours de Justine Triet à Cannes - capture d'écran France 2

Comme le dit Wali Dia : Des barrières, des arrêtés, des flics partout pour pas voir ne serait ce qu’un début de manif à Cannes, et c’est la Palme d’Or qui leur crie dessus. Succulent. (source)

Et que la macronie tire à boulet rouge (principalement sur le financement du film, voir ci-dessous) sur la réalisatrice - lauréate de la Palme D’or 2023 - qui a eu le courage de dire avec force ce que tout le monde voit sauf les gouvernants et leurs alliés est une preuve supplémentaire qu’elle a visé juste : ils nous entrainent clairement vers la déchéance de la République.

Un petit rappel bienvenu de Nicolas Mathieu sur les critiques principalement tournées sur le financement du film :

On est quand même accablé de voir des ministres s’offusquer qu’une artiste critique un pouvoir, une politique, un gouvernement. Alors on va rappeler deux trois fondamentaux.
- Vous n’êtes pas l’État. L’État c’est NOUS, peuple de citoyennes et de citoyens libres qui se gouverne par votre truchement. Vous critiquer ne remet nullement en cause les institutions.
- Vous ne financez pas le cinéma et la culture. NOUS finançons le ciné et la culture via des dispositifs de solidarité collective dont vous n’êtes que les organisateurs temporaires. La main qui nourrit les artistes n’est pas la vôtre. C’est celle de la communauté nationale.
- Vous n’êtes pas nos patrons mais les serviteurs du bien public et vous n’avez rien à dire des libertés qui nous appartiennent, que nous avons conquises et que nous exerçons exactement selon notre bon vouloir, parmi lesquelles la liberté de nous exprimer et de vous critiquer.
- Votre pouvoir NOUS appartient. Nous vous le déléguons de manière temporaire. Il vous oblige et vous rend responsables devant nous. Vous n’êtes pas l’encadrement d’une entreprise qui n’aurait à répondre que devant le Comité exécutif qui le nomme.

Outre la répression qu’elle dénonce à juste titre, elle parle également de la course à la rentabilité, même sur des 1ers films pour de jeunes réalisateurs.

Au-delà de ça, ce qu’il faut voir, c’est la reprise en main dans de nombreux secteurs culturels & à différents échelons (communes / communautés de communes / régions… : exemples ici, , encore là, et par chez moi à foison - j’en parle plus bas) de la politique sur la programmation des lieux, sur la pertinence de celle-ci, avec en parallèle une remise en cause très importante du financement.

Au niveau local, 3 lieux dans des petites villes proches ont été soit vidés de leur équipe, et se sont donc retrouvés sans programmation, soit repris en main par des gens malléables placés spécifiquement pour proposer des choses “tout public” = comprendre “animation / entertainment”, car il ne faut surtout pas faire réfléchir, hein.
Il faut aussi se rendre compte de l’importance de ces lieux pour maintenir la création en milieu rural / périphérique par le soutien à des compagnies qui n’ont pas accès aux plus grosses salles (style Scène Nationale, CDN, CCN, etc.).

J’ai volontairement élargi le débat mais il me semble qu’il découle de la même logique mortifère ultralibérale, à savoir : mettre la culture au pas, qu’elle se tienne bien sage et qu’elle fasse ce qu’on lui dicte de faire.

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