Grève des intermittents lundi 12 mars

Une fois de plus, on se mobilise, mais on sent bien que le combat qui dure depuis 2003, rappelez-vous, est très déséquilibré.

docu assedic

L'art de la communication-désinformation

Tous les mois, actualisation sur le site de l'assedic, tous les chômeurs (internautes) savent ce que c'est. Ce mois-ci, il me prend de naviguer un peu sur leur site, et je tombe sur une belle plaquette toute neuve (pdf) concernant les nouvelles dispositions d'indemnisations dues à la signature en début de ce mois de certains partenaires sociaux du protocole d'avril 2006.

Ci-contre, un extrait de cette plaquette où l'on peut lire que "le nouveau dispositif d'allocations et d'aides [qui] sécurise votre parcours professionnel". Comme vous l'avez compris, il n'en est rien. Encore un bel effort de communication pour dire exactement l'inverse de ce qui va se passer, c'est-à-dire un laminage en règle et une précarisation galopante des intermittents.

On s'aperçoit en y regardant de plus près (et tout n'est pas dit dans cette brochure) que le protocole de 2006 aggrave sensiblement celui de 2003 qui a déjà fait du mal. En effet, non content de ne pas avoir réduit les travers du système (emploi dans l'audiovisuel, et dans d'autres domaines non artistiques), ni les déficits, ce qui était le but premier, ce protocole (2003) a par contre envoyé du monde au RMI, des artistes et techniciens qui n'ont plus le temps de créer mais doivent produire, se produire sous peine de ne plus arriver à boucler les 10 mois 1/2 (artistes) ou 10 mois (techniciens) au lieu de 12 mois pour faire ses 507h et ainsi obtenir une indemnisation sur 8 mois au lieu de 12 auparavant. Mais il y avait un processus de "rattrapage" avec un fond transitoire qui indemnisait ceux qui atteignaient en 12 mois au lieu de 10/10&1/2 de la même manière que les autres, soit pendant 8 mois. De cela il n'existera plus désormais, mais on aura droit à la place à un fond de professionalisation qui ne professionalise rien, vous l'aurez compris, mais qui indemnise 3 mois maxi. Après ? RMI, si on y a droit (et faut être miséreux pour y prétendre), ou plus rien. Ah si, il y a encore un fond de fin de droit qui sauve la mise pendant 2 à 6 mois...

Impossible dans ces conditions de prendre du temps pour créer, il faut cachetonner ! Ah, et autre chose qui n'est pas dit, le calcul est maintenant fait sur des cachets maxi de 8 h pour les techniciens (10h avant), alors qu'on sait parfaitement qu'un technicien travaille en général beaucoup plus longtemps (par exemple : prestation dès 8h le matin, montage, balances, concert, démontage jusqu'à dans la nuit, parfois petit matin 6h). Pour les artistes, si j'ai tout bien compris, c'est maintenu à 12h. Ouf !

Bref, tout ça est assez technique et peut-être un peu obscur pour le monsieur madame lambda, mais il faut pouvoir casser le mythe du privilège si insidieusement répandu partout depuis quelques temps qui n'a pas cours ici, en tout cas pas dans la plupart des cas, des petits qui se prennent tout sur la gueule.

Pour plus de détails et d'arguments imparables, je vous invite à vous reporter au site très complet du CIP-IDF.

A l'attaque !

Ci-dessous, un communiqué du CIP-IDF à propos de cette nouvelle journée de mobilisation.

Vendredi 2 mars a lieu la réunion paritaire sur les annexes 8 et 10 destinée à finaliser la rédaction du protocole dit du 18 avril, proposé par le MEDEF et signé le 21 décembre dernier par la CFDT, la CFTC puis la CGC.

CE QUI NOUS ATTEND : LE PROTOCOLE DU 18 AVRIL 2006

Ce protocole conforte et aggrave celui du 26 juin 2003, dénoncé inlassablement depuis plus de trois ans. La réforme mettra en place toute une gamme de menaces, de contrôles et accentuera ainsi la nouvelle insécurité sociale qui conduit à la course aux heures et aux cachets et à l’acceptation de n’importe quel emploi. Il fragilise les plus précaires. Il n’incite nullement à la juste déclaration des heures travaillées. Il exclut la prise en compte des congés maladie et des heures de formation. Il interdit à nouveau le cumul avec des heures hors annexes et multiplie ainsi les obstacles à l’entrée de nos professions. Il divise, sectorise et fait régner au nom d’une moralisation méprisante, un contrôle administratif incompétent et tatillon de nos parcours professionnels. Et ceux qui avec le protocole de 2003 touchaient de grasses indemnités vont les voir diminuer sévèrement.

CE QU’ON ENTERRE : L’AFT (ALLOCATION FONDS TRANSITOIRE) ADIEU LES 507 HEURES EN 12 MOIS !

Le protocole du 18 avril signe la fin de l’AFT, acquise par la lutte, qui a permis 42 000 (ré)ouvertures de droits.

CE QU’ON NOUS PROMET : BAISSE DE L’ALLOCATION, RECONVERSION OU RMI

Pour ceux qui ne réunissent pas 507h en 10 mois ou 10 mois et 1/2, le gouvernement annonce la création d’un « Fonds de professionnalisation » qui est une allocation de fin de droits (de type ASS) d’une durée de 2 à 6 mois suivant l’ancienneté dans le régime de l’intermittence, et qui n’est en aucun cas une possibilité de réouverture de droits. La gestion de ce fonds sera confiée à une caisse à part, et l’accès à ce fonds est assorti d’exigences de reconversion. Ou bien simple fonds transitoire vers le RMI. Dans un contexte général d’exclusion de toute indemnisation chômage d’une part toujours plus grande de la population, la politique de dégraissage du « secteur culturel » continue. Cette politique repose sur une subordination de plus en plus grande des artistes et techniciens aux industries culturelles et aux institutions.

ILS ONT SIGNE, NOUS PERSISTONS !

Nous persistons parce que c’est la lutte menée ensemble, coordinations et syndicats, depuis 2003 qui a freiné les effets les plus dévastateurs du protocole du 26 juin 2003, avec la création puis le prolongement de l’AFT, la prise en compte des jours de maladie et de congé maternité... les signataires de l’Unedic ne nous représentent en rien et méprisent nos fragiles réalités, nos pratiques culturelles concernent l’état du sensible dans la société, la place de la critique, de l’éthique, de la vie dans des arrières pays et zones urbaines que nous contribuons à requalifier, revivifier. cette réforme est au cœur de la politique qui vise à rendre les chômeurs responsables de leurs situations pour mieux développer la concurrence entre salariés. La précarisation de tous les salariés impose de supprimer un régime qui concède des garanties collectives à l’emploi discontinu et qui est une alternative à la « société des individus » qu’ils appellent de leur vœux. nous nous savons producteurs de richesses économiques sociales et morales, sensibles. ABROGATION DU PROTOCOLE !

GREVE !!!

MANIFESTATION LE 12 MARS, Départ à 17h devant le cirque d’hiver (M° Filles du Calvaire) PARIS

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