Habiter en oiseau - Vinciane Despret
(Mondes Sauvages - Actes Sud)
Ce livre déconstruit beaucoup de choses lues et entendues à propos des oiseaux, des ornithologues. Les chants & les comportements nous renseignent sur comment les oiseaux — mais aussi d’autres animaux — occupent les territoires, les partagent, les définissent. C’est absolument passionnant et permet d’envisager le vivant & la cohabitation avec les autres espèces d’une nouvelle façon, du moins pour moi.
Autobiographie d’un poulpe et autres récits d’anticipation - Vinciane Despret
(Mondes Sauvages - Actes Sud)
Tiens, un autre livre de Vinciane Despret, tout juste arrivé à la médiathèque du coin, et si je l’empruntais ? Alors que je lisais le livre présenté juste après, je récupère celui-ci et m’aperçoit que sont évoquées des éléments proches, en prenant le prisme de la (science)-fiction / anticipation pour montrer à quel point les humains n’avaient pas compris grand-chose aux non-humains précédemment, que leurs mondes s’avéraient beaucoup plus riches et signifiants que ce qu’on admettait communément. Ainsi les excréments de Wombats prennent une toute autre dimension, ainsi que les signes & écritures faites par les poulpes à l’aide de leur encre.
À noter qu’elle a participé durant une semaine fin février / début mars à l’émission La terre au carré sur France Inter, et a été également invitée à d’autres émissions sur cette même chaîne. Toutes évidemment fortement recommandées.
Ethnographies des mondes à venir - Philippe Descola / Alessandro Pignocchi
(Anthropocène - Seuil)
J’ai découvert Alessandro Pignocchi au détour d’une mention sur Mastodon il y a quelques temps déjà, et je me suis donc empressé d’aller parcourir son blog BD, à la fois très drôle dans certaines mises en acte de personnages politiques, et complétement déroutant au premier abord quand il s’agit d’inclure — et c’est là qu’on rejoint les livres précédents — notre relation aux vivants non-humains.
Ce livre d’échanges entre les 2 auteurs (ponctués de planches de BD) tout à fait accessible est passionnant de bout en bout. En prenant appui sur leur vécu au sein de différentes communautés (les Achuar, la ZAD de Notre Dame des Landes, …) et des données anthropologiques, ils esquissent ce que pourrait être un monde futur plus équilibré avec la nature, même si ce concept est largement démonté dès le début du livre :
En présumant d’une distribution universelle des humains et des non-humains dans deux domaines d’existence bien séparés, la culture et la nature, la pensée moderne s’est en effet trouvée mal armée pour comprendre toutes ces manières de composer des mondes dans lesquels une telle distinction est absente.
Équilibre avec les non-humains, qu’on ne considèrerait pas comme des ressources mais comme partageant un même territoire avec les humains. À propos de la ZAD :
Comme dans les luttes autochtones, ils et elles ne défendaient pas la Nature, la biodiversité ou tout autre idée abstraite de ce type, mais un écheveau de relations qui était devenu petit à petit constitutif de leur personne.
On y parle aussi évidemment de politique et d’économie et de possibilités d’évolution des formes d’organisation sociale.
L’actualité rattrape mes lectures : j’apprends aujourd’hui sur Reporterre sans étonnement que les 2 auteurs “participeraient, selon [les renseignements], à la diffusion publique du message des Soulèvements de la Terre.”