Ça devait être en 1995, si je me souviens bien. À l’époque mes connaissances techniques étaient plutôt faibles, ma pratique musicale balbutiante (je n’avais commencé la guitare que quelques années auparavant et pratiquait la basse dans 2 groupes plutôt rock), mon approche de la musique parcellaire.
Ce stage court de 5 jours m’a apporté autant sinon plus dans mon écoute musicale que dans mon appréhension technique du son. J’y apprends l’intention, la note qui doit être faite, pas celle qu’on fait par habitude, ou par imitation… Moi qui fais des accords sur ma guitare sans me poser de question, ça chamboule à peu près tout. Et m’ouvre des perspectives inédites.
Mais revenons-en à ce qui nous amène : ma connaissance du jazz est inexistante, à l’exception notable du style New Orleans, le seul qu’affectionnait mon père. Sinon, ce que j’entends à la radio quand je tombe dessus par hasard, notamment lors du festival Jazz à Vienne qui y est diffusé tous les étés ne m’incite pas du tout à y prendre goût : et vas-y que je te fais des solos, que chaque musicien prend la main et se fait poliment applaudir par le public quand il a terminé dans un mouvement codifié et (semble-t-il) immuable. J’ai peine à y trouver une quelconque émotion. Et un quelconque intérêt, donc.
C’est alors que lors de cette formation, je me demande même si ça n’est pas au tout début, David Mascunan nous fait écouter un morceau d’un artiste hongrois qu’il vient d’enregistrer : Akosh Szelevenyi. Et ce que j’entends me bouleverse, et me transporte. Une longue intro à la contrebasse, tout sauf démonstrative, quelques percussions, un violon arrive doucement… puis le saxo d’Akosh qui ouvre grand l’univers. Ça, du jazz ? Je signe tout de suite !

Évidemment, ensuite, je suis ce que fait cet artiste au départ confidentiel… Sa musique est un mélange unique d’influences d’Europe de l’est et de musique plus libre, allant jusqu’à un free jazz débridé pas toujours facile d’accès.
Par le truchement de rencontres, il s’est retrouvé à faire la première partie de Noir Désir sur la tournée 666667 Club, ayant également participé à cet album du groupe de rock alors au sommet de sa gloire. Il a ensuite tourné dans le circuit des scènes de musiques actuelles, plutôt que dans les salles dédiées jazz…
À la même période, je découvre en concert un autre projet qu’on pourrait étiqueter de world[1] / jazz : Senem Diyici Quartet. Autre entrée magnifique dans l’univers si vaste et si intrigant du jazz.
Puis la rencontre avec un musicien qui a tout un background de pratique et d’écoute qui me fera découvrir d’autres artistes. J’ai les bases, je n’ai plus qu’à fouiller, découvrir les recoins plus ou moins sombres de cette musique.
À propos de David Mascunan : voici une interview assez récente ainsi que sa page sur Discogs.
PS : billet débuté en février 2012 (!!!). Il se trouve qu’aujourd’hui, je me suis replongé dans Pannonia, cet album initiatique & magnifique.
Note
[1] Oui, je sais, ça ne veut rien dire…