Précarité quand tu nous tiens
Des proches attendent plusieurs mois l'ouverture de leurs droits assedic après de nombreux va-et-vient de divers papiers qui ne conviennent jamais... et en attendant, galèrent pour payer le loyer, les différents frais fixes... car oui, ils vivent aussi.
Qui veut ne pas être radié doit s'accrocher, on fait tout, absolument tout pour décourager.
Pas de label, pas d'emploi
Autre histoire, un prestataire de spectacle (location matériel et techniciens) doit maintenant avoir un label officiel de prestataire pour pouvoir embaucher des intermittents. Ce label (® marque déposée, faut pas déconner) est décerné par les professionnels de la profession, au départ pour - officiellement - "regrouper les entreprises de prestation technique qui, non seulement sont en règle sur le plan juridique, social et fiscal, mais souhaitent offrir à leurs clients une véritable qualification professionnelle et un service de qualité..." Officieusement, c'est un peu plus compliqué... Disons que contrairement à ce que pourrait laisser croire leur site (qui n'est par ailleurs pas mis à jour), l'attribution se fait plus à la tête du client et à l'argent qu'il peut verser pour obtenir son label qu'à la qualité de son dossier dûment rempli (et il en faut des formulaires et des paperasses de toute sorte pour qu'il soit complet)...
On voit d'ici l'intérêt de la chose :
- permettre aux grosses structures de prestations de choisir s'ils autorisent la survie de petits prestataires concurrents (forcément) ;
- réduire le nombre de structures pouvant embaucher des intermittents, d'où un plus grand contrôle et une réduction des possibilités d'emploi pour ces derniers.
- ...
Peut-être est-ce un peu caricatural, mais j'attends qu'on me prouve le contraire.
Mais encore
Sans oublier tous les contrôles subis par les petites structures associatives qui essaient tant bien que mal d'employer des intermittents (on dirait que ça devient un gros mot à force, non ?). Urssaf, DDTE, etc... la pression augmente sur les petits, ceux qui se bougent pour une culture libre, alternative, différente de ce que le (f)rançais moyen (et N.S.) ont l'habitude de voir, aimer, téléviser. Tout est fait pour décourager.
On croit rêver
Vous en voulez encore ? Bien. Un communiqué (en pièce jointe) d'une des plus anciennes assos culturelles de Chalon/Saône qui gère le jazz-club L'Arrosoir depuis près de 30 ans va mettre la clé sous la porte faute de soutien des collectivités locales pour maintenir une activité indispensable au secteur musical déjà largement sinistré. Quand on sait ce que représente le budget de l'Espace des arts (on parle de plus de 2 millions d'euros par an) pour une programmation élitiste en direction des parisiens - le directeur en est fier, il le dit même à la radio (f)Rance Inter[1] - alors que l'Arrosoir aurait besoin de quelques milliers d'euros en plus pour assurer leur mission...
Ajout du 21 janvier :
Toujours plus de contrôle
Un des points du nouveau protocole négocié en avril 2006 et finalement signé en mars 2007 et qui rentre en vigueur petit à petit intensifie le contrôle via un numéro d'objet :
Article 56 des annexes VIII et X
« § 3. Préalablement au démarrage de toute nouvelle activité relevant de l’annexe VIII ou X (nouvelle production, nouveau spectacle...), l’employeur doit demander, pour celle-ci, l’attribution d’un numéro d’objet. Ce numéro doit être reporté, par l’employeur, obligatoirement sur les bulletins de salaire et les attestations mensuelles prévues à l’article 62, ainsi que, à chaque fois que cela est possible, sur les contrats de travail. »
Au-delà du 31 mars 2008, toute attestation mensuelle visée à l’article 62 ne comportant pas de numéro d’objet entraînera une pénalité dont le montant est identique à celui fixé pour l’application de l’article 67 du règlement général.
Le bureau de l’Unédic devra être périodiquement informé sur la mise en œuvre de la procédure d’attribution du numéro d’objet. »
Sans compter les nouveaux calculs d'ouverture de droits qui éjectent de facto de très nombreux intermittents... Pour plus d'infos, allez voir sur le site de la CIP-IDF.
Notes
[1] Par 2 fois lors de son émission Carnets de campagne les 18 et 22 octobre 2007, Philippe Bertrand laisse la parole au directeur de l'Espace des Arts de Chalon/Saône ; voici le mail que je rédigeais à l'animateur quelques heures après l'écoute de ces émissions :Bonjour, à l'écoute des émissions sur la Saône-et-Loire, je m'étonne d'avoir vu consacrer 2 interventions au directeur de l'Espace des Arts de Chalon/Saône, une salle qui n'a pas d'action culturelle significative dans le département, contrairement à ce qu'il a pu affirmer, aidé en cela par un animateur bienveillant. Déçu de voir une telle salle - qui a les moyens de sa promotion, non ? - mise en avant alors que de nombreuses initiatives culturelles locales sont restées dans l'ombre, leur mise en lumière étant il me semble, le but avoué de cette émission. Je n'ose en conclure qu'il peut exister un lien entre l'animateur/producteur de l'émission et le directeur de cette structure, étant donné la haute estime que je porte au métier des gens de presse. Cordialement