Grève des intermittents demain 6 décembre

Je vous renvoie au site du CIP-IDF (coordination des intermittents et précaires d'Ile-de-France) pour plus de précisions et pour les rendez-vous dans toutes les régions.

communiqué à l'intention du public :

Tract à destination du public : Cher public, vous avez assisté à 2003, voici 2006 !

Un tract d’information pour le public, à diffuser dans les théâtres et lieux de spectacle... et qui peut servir de base pour les interventions avant ou après les spectacles...
Tract mis en page à télécharger en bas de page

CHER PUBLIC : vous avez assisté à 2003, voici 2006...
Le coup de grâce aux professions du spectacle !

Trois années de lutte face à des pouvoirs autistes.

Cher public, les professions du spectacle sont loin de défendre des privilèges. Le protocole mis en place en 2003 pour régir le statut ASSEDIC des intermittents du spectacle a démontré ses effets dévastateurs et pervers. Nous savons que la survie de nos métiers est en jeu. Un nouveau protocole daté du 18 avril 2006 est en passe aujourd’hui de nous donner le coup de grâce.

Le déni des propositions issues du terrain (l’épisode du 12 octobre) :
Depuis trois ans, l’ensemble de la profession n’a cessé de réclamer une réforme économiquement viable et socialement équitable (tout le contraire de l’actuel protocole). Des parlementaires, des syndicats et la Coordination des Intermittents et Précaires se sont réunis au sein d’un Comité de Suivi pour travailler à un nouveau projet de réforme visant à réduire les déficits et à aménager la précarité inhérente à nos métiers, sur des principes de bon sens. 476 parlementaires (députés et sénateurs de droite et de gauche) soutiennent aujourd’hui ce projet... un exploit ! Ils s’engagent à voter une loi (la PPL) encadrant notre système d’assurance chômage. Ce projet de loi a été déposé le 12 octobre dernier à l’Assemblée Nationale mais... le vote n’a pas eu lieu ! M. Bernard Accoyer (président du groupe UMP) a eu l’ingénieuse idée de sortir du tiroir une procédure rarement utilisée : dénoncer un quorum insuffisant dans l’hémicycle. Il est ainsi parvenu à annuler les discussions alors que dans la même matinée une autre loi venait d’être votée sans que le quorum soit réuni.

Tels sont le cynisme et la violence qui nous font face, à l’image de toutes les réponses apportées par le gouvernement (malgré ses promesses), par l’UMP et par le Medef : refus d’étudier, refus de négocier, refus d’entendre, point. Face à l’échéance d’un nouveau protocole, nous ne pouvons accepter un tel déni, qui réduit à néant et de façon dérisoire le travail du législateur et les espoirs de toute une profession.

Un nouveau protocole économiquement aussi absurde et socialement plus violent que le précédent.

Comme en 2003, ce deuxième protocole initié par le Medef est en passe d’être signé par des directions de syndicats contre l’avis de leurs propres délégations spectacle (CFDT, CFTC et CGC). Pour quels motifs et suite à quelles tractations avec le Medef pour la gestion des caisses internes de l’Unedic ? Ces syndicats sont de plus non représentatifs : 3 % de la profession. Qu’en est-il de la parité ?

Dès mars 2004, la mission d’information sur les métiers artistiques qui avait pour rapporteur Christian KERT (député UMP) indique : « l’accord du 26 juin 2003 n’a pour l’instant permis de réduire ni le déficit, ni les abus, ni les fraudes au dispositif, et la mission doute qu’il n’atteigne cet objectif dans la durée ». Oui : le déficit s’est accru (+ 80 millions d’euros de 2003 à 2004), et ce malgré le dégraissage des effectifs indemnisés. Première explication : les forts revenus sont avec ce protocole assurés de capitaliser de fortes indemnités et ceux qui gagnent le plus d’argent voient leurs indemnités augmenter (chose impossible avec le projet de loi de la PPL). Nous rappelons par ailleurs que les plus fragiles, ceux dont l’activité est fondée sur une vraie discontinuité se voient éjectés du système. Sur ces observations, le Ministre de la Culture et de la Communication, R. Donnedieu de Vabres, a clairement fait savoir qu’il était exclu que le protocole de 2003 « soit reconduit dans sa brutalité ». Il l’est ! Le protocole du 18 avril 2006 reprend intégralement la philosophie du premier : coûteux, absurde, inéquitable. Il pervertit le rôle social des ASSEDIC et remplace la solidarité interprofessionnelle par un système d’assurance personnelle. Le Medef agit-il ainsi pour des motifs économiques ou idéologiques ?

Trois années ont permis d’évaluer les effets dévastateurs du protocole de 2003 : 34 000 d’entre nous ont été rattrapés par un Fonds Transitoire négocié de haute lutte et financé par le Ministère de la Culture. Avec le nouveau protocole, ce Fonds disparaît, remplacé par un Fonds cyniquement nommé de Professionnalisation qui accélèrera la sortie de route vers le RMI avec exigences de reconversion... Il s’agit bien d’une politique de dégraissage massif, en force, brutal, sans concertation, dans le déni et le mépris de nos professions... entre 30 et 40 000 salariés se retrouveront en danger à court terme (danger = bascule dans la précarité absolue) : quel secteur économique accepterait une telle situation ?

Quelle culture pour demain ?

La production artistique en France génère autant de richesses que les plus gros secteurs industriels (aéronautique, automobile etc...). Tous les rapports le disent et tous les acteurs économiques et les élus en sont conscients. Pour preuve : la mobilisation des maires et députés possédant des festivals dans leurs circonscriptions.

L’effet de ce protocole, la réduction des financements à la création et à l’action culturelle, la multiplication des contrôles (devenue une arme contre les plus faibles) provoqueront à moyen terme le démantèlement du tissu culturel : il sera de plus en plus difficile, voire kafkaïen de mettre en chantier des productions hors grands circuits, les équipes artistiques n’arriveront plus à pérenniser leur travail sur le terrain et les jeunes talents auront de plus en plus de mal à rentrer dans le métier. Quant à l’argument : seuls les meilleurs survivront, il est faux et dangereux !

Cette politique conduira à l’absorption de la production artistique par les seules industries culturelles et institutions les plus nanties, à l’égal du mouvement de concentration des médias et de l’information dans notre pays dont nous constatons aujourd’hui les effets sur la démocratie. Il y aura « sanctuarisation » des professionnels de la culture à l’exclusion de toute réflexion concertée sur la réalité et la diversité de nos pratiques et de leurs financements.

Nous ne voyons poindre aucun nouvel élan pour une nouvelle politique culturelle satisfaisante, pourtant le mot culture est employé à toutes les sauces.
De quelle culture parlons-nous ? De « l’homme cultivé » ? De « la culture des peuples » ? Devons-nous laisser le sensible, l’art, aux seuls gérants de l’industrie culturelle et du spectaculaire ?
La culture, les droits sociaux, sont l’affaire de tous. Ouvrons le débat dès maintenant !

“Fabriquer du sensible, ce n’est pas poser la question quel type d’art voulons nous faire ? mais dans quel(s) monde(s) voulons nous vivre ?"
Andreas Inglese

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : https://www.envisagerlinfinir.net/trackback/120

Haut de page